Photo de Sébastien Denys

Épisode 02

Santé et climat

Sébastien Denys, Directeur Santé, Environnement et Travail chez Santé Publique France

« Les problématiques de réchauffement climatique tournent beaucoup autour des questions géopolitiques et énergétiques, mais peu de l’impact de ces choix sur notre santé ».

Tel est le constat de Sébastien Denys, directeur Santé, Travail et Environnement chez Santé Publique France.

« Pourtant, notre environnement est intimement lié à notre santé ».

Selon une étude publiée en octobre 2023 par la très sérieuse revue scientifique britannique the Lancet Countdown :

  • Dans un monde où la température planétaire augmenterait de 2°C, le nombre de morts annuelles causées par la chaleur serait multiplié par 4,7 (5000 morts en France en 2023).
  • La superficie des terres touchées par une sècheresse extrême est passée à 47% entre 2013 et 2022, entrainant ainsi une insécurité alimentaire pour 127 millions supplémentaires en 2021.
  • Les zones de contagion de la dengue pourraient aussi s’étendre de 36% en 2050 si rien n’est fait.

C’est dire si les impacts sur notre santé sont importants.

« Raison pour laquelle Santé Publique France travaille sur des plaidoyers afin d’intégrer la santé dans des actions sectorielles comme l’aménagement du territoire ou la construction des bâtiments », ajoute Sébastien Denys.

Objectif : former les aménageurs, constructeurs et architectes aux problématiques de santé et les sensibiliser aux conséquences de leurs choix en termes de matériaux et de végétalisation des espaces sur notre santé.

Dans cet épisode, on parle des gestes à adopter en cas de vague de chaleur, des impacts sur notre santé, des problèmes de perception de ces risques ou encore des efforts d’adaptation mis en place par le gouvernement.

Belle écoute !

CHIFFRES CLÉS

150 000

décès par an dû au changement climatique. Un chiffre qui devrait doubler d'ici à 2030

127 000 000

de personnes supplémentaires en situation d’insécurité alimentaire en 2021, par rapport à 1981-2010

8 100

milliards de dollars par an, c’est l’estimation du coût de la pollution atmosphérique.

SOLUTIONS

Pour tout le monde :

Les mesures pour prévenir les risques liés à la chaleur (Santé Publique France).

Les applications utiles :

  • FreeTaps (Android et IOS) qui référence tous les points d’eau potable près de chez vous pour s’hydrater.
  • SoleilRisk (iOS et Android) qui permet d’obtenir les indices UV du jour sur l’ensemble du territoire.
  • Plume Labs (iOS et Android) qui indique en temps réel le niveau de pollution atmosphérique à l’endroit où vous êtes.

Pour les professionnels de la construction et de l’aménagement opérationnel :

S’inspirer des guides « Agir pour un urbanisme favorable à la santé » (École des Hautes Études en Santé Publique) et « Intégration de la Santé dans les Opérations d’Aménagement Urbains » (Direction Générale de la santé) afin d’intégrer les enjeux sanitaires dans l’aménagement de l’urbanisme.

RESSOURCES

TRANSCRIPTION DE L'ÉPISODE

Charlotte Simoni

Bonjour !

Sébastien Denys

Bonjour !

Charlotte Simoni

Merci beaucoup d’être sur le podcast aujourd’hui pour parler des impacts du réchauffement climatique sur notre santé. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, vous êtes directeur Santé, Environnement et Travail chez Santé Publique France, qui est donc l’Agence nationale de santé publique dont la mission, c’est d’améliorer, de protéger la santé des Français. C’est ce que j’ai un peu un peu compris, mais je pense que vous nous en direz plus à la fin de ce podcast, parce que j’aimerais démarrer par une première question : comme je vous l’ai expliqué un petit peu avant, je suis tombée sur une sur une étude qui expliquait qu’en 2050, si la température de la Terre augmentait de plus deux degrés, et bien le nombre de morts causés par la chaleur augmenterait de 4,7 fois. Euh, ça c’est juste au niveau de la chaleur. Il y a aussi l’impact de la pollution de l’air sur la santé. Il y a aussi l’augmentation des épidémies. Donc ma première question c’est : est-ce qu’on peut concrètement dire aujourd’hui que le réchauffement climatique est un nouveau facteur de risque pour notre santé ?

Sébastien Denys

Alors comme vous le dites, dire que c’est un nouveau facteur de risque, c’est peut-être faire fi de tout ce qui a été dit depuis plus d’une dizaine d’années, voire une vingtaine d’années, par les organismes d’expertise internationaux comme le GIEC par exemple, qui alertent depuis très longtemps sur les conséquences pour l’ensemble de la société des changements climatiques sur l’ensemble de la planète. En fait, pour l’ensemble des pays du monde. Et effectivement, le fait que, en marge de cela, les spécialistes de la santé publique s’intéressent aux effets des changements climatiques sur notre santé et les impacts que ces changements climatiques auront sur notre santé, ce sont des signaux d’alerte qui existent depuis plus de 20 ans. Certaines revues scientifiques et on peut citer celle du Lancet en particulier, qui a fait un édito il y a quelques années sur le fait que le changement climatique, en fait, était le risque majeur pour la santé publique dans les décennies à venir. Donc effectivement, aujourd’hui, on a une prise de conscience, mais qui selon nous, est encore insuffisante sur les liens entre les changements climatiques et la santé humaine.

Charlotte Simoni

Comment vous expliquez le fait qu’aujourd’hui c’est encore peu si peu connu ?

Sébastien Denys

Alors c’est vrai que les discussions autour des questions de changement climatique tournent beaucoup autour des questions de géopolitique, de stratégie autour de nos modes de la consommation, de l’énergie, des politiques énergétiques, de l’aménagement du bâti, etc. Et que finalement l’ensemble, on est assez peu conscient, au niveau des institutions, de l’impact qu’ont les choix sur ces secteurs différents énergie, aménagement des bâtiments sur notre santé. Or tous ces choix vont impacter notre environnement. De même que le changement climatique impacte notre environnement et notre environnement est intimement lié à notre santé. C’est à dire que notre santé, bien sûr, est dépendante de déterminants individuels. Les facteurs génétiques par exemple, nos comportements, nos choix de nos choix de consommation. Si on va consommer de l’alcool ou du tabac, on risque d’avoir des certaines pathologies chroniques. Cependant, c’est aussi tributaire de l’environnement dans lequel on vit et donc tout ce qui impacte notre environnement. Donc l’activité humaine – qui a une conséquence sur le réchauffement climatique – impactera finalement notre santé. Et on le voit très bien sur des phénomènes d’ores et déjà visibles.

Charlotte Simoni

Alors, vous parliez des projections à l’horizon 2050, mais d’ores et déjà, aujourd’hui, en fait, on a des effets visibles de l’impact des changements climatiques sur notre santé et en particulier sur la mortalité de la population. Mais voilà ce qui m’étonne le plus c’est qu’on ne s’en rend pas trop compte. On le voit depuis quelques années, là en plus on approche de l’été, les températures sont de plus en plus élevées, on a de plus en plus de canicules qui sont plus longues, qui sont plus nombreuses, qui sont plus intenses. Et donc à chaque fois, chaque été, je veux dire, on en parle quand même de ce sujet, du fait qu’il y a des personnes qui meurent de chaleur.D’ailleurs, est ce que vous pouvez m’expliquer comment est-ce qu’on meurt de chaleur ? Concrètement, physiologiquement parlant, qu’est ce qui se passe alors ?

Sébastien Denys

La température va agir sur le système de thermorégulation de notre organisme. Et donc le fait qu’on soit dans des températures trop élevées ou pas assez élevées va forcément impacter un ensemble de mécanismes physiologiques qui va régir finalement le bon fonctionnement de notre organisme. On peut avoir des problèmes vasculaires par exemple lorsqu’il fait trop chaud, on a des perceptions de mal être. Je pense qu’on a tous vécu des vagues de chaleur. Et effectivement, comme vous le disiez, ces vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes. Et donc je pense qu’aussi on est de plus en plus conscient que ces vagues de chaleur existent. Et donc on a tous vécu aussi des sentiments de malaise pendant fin de mal être, en tous cas pendant ces vagues de chaleur. Donc un ensemble de phénomènes physiologiques qui vont perturber le bon fonctionnement de notre organisme et en particulier chez des personnes qui ont déjà des pathologies respiratoires par exemple, des pathologies cardiovasculaires qui font que ces personnes qui ont déjà des pathologies sont forcément plus sensibles à la chaleur.

Mais les impacts de la chaleur concernent quand même toute la population puisque, et on y reviendra je pense plus tard dans le podcast. Même des jeunes personnes peuvent aussi avoir besoin de soins lors des vagues de chaleur. On le voit par le biais des recours aux soins qu’on enregistre. Donc soit celles qui sont déjà malades, je l’ai déjà dit, mais aussi les plus âgées âgé puisqu’on a des conséquences et des enfants aussi. Et donc toute la question d’ailleurs de l’impact des vagues de chaleur et de la chaleur et des changements climatiques sur la santé des enfants et ce qu’on appelle la périnatalité, en fait des enfants qui ne sont encore pas nés ou qui vont naître, ou qui sont nés depuis très peu de très peu de temps. C’est aussi des questions sur lesquelles on travaille, qui sont aujourd’hui aussi de l’ordre de la recherche, parce que la chaleur aura bien sûr un impact sur la grossesse et éventuellement sur les enfants à naître qui ont vécu ces événements dans le ventre de leur maman.

Charlotte Simoni

D’accord, parce que pour reprendre du coup ma question Donc on les perçoit aujourd’hui ces changements, je veux dire chaque été. Et pour autant, vous dites que malgré tout, on n’a pas encore cette conscience du fait que c’est le réchauffement climatique qui va impacter sur notre santé. Parce que la chaleur, on la perçoit chaque été.

Sébastien Denys

Alors oui, effectivement, vous avez raison, il y a une sorte de contradiction là. Donc scientifiquement, on arrive à démontrer les impacts de la chaleur sur la santé. On arrive à estimer l’impact en termes de mortalité, mais aussi en termes de morbidité, c’est à dire de recours aux soins, c’est à dire les sentiments, les sensations, les impacts que ces vagues de chaleur peuvent avoir sur la déshydratation, par exemple. Ce sont des choses qu’on observe et qu’on surveille en fait au décours des vagues de chaleur. Par contre, il y a encore une problématique de perception de ce risque de chaleur. En fait, la population ne perçoit pas encore suffisamment que la chaleur peut poser un problème de santé publique et un problème pour sa santé, surtout chez les personnes qui sont en bonne santé. On a publié des chiffres il y a quelques années qui montrent que 12 % de la population française se sent concernée par le risque chaleur, alors que quasiment toute la population française a vécu des vagues de chaleur. Et je pense alors je n’ai pas les chiffres, mais on a tous eu des moments où on s’est dit oh là là, cette vague de chaleur, elle me fatigue. Je n’ai pas envie d’aller au travail parce que je vais devoir subir les transports en commun, etc etc. Alors ce sont des chiffres qui remontent à 2019, donc il faudrait voir aujourd’hui. C’est assez récent mais bon, c’est vrai que depuis 2019, il y a eu d’autres vagues de chaleur qui qui sont parvenues, enfin qui sont survenues au cours des différents étés.

Donc il faudrait peut-être refaire cette étude d’opinion, mais en tous les cas, en 2019, il n’y avait que 12 % des Français qui se sentaient à risque face à ces vagues de chaleur. Donc ça interroge vraiment sur le décalage qu’on a entre toutes ces données scientifiques qu’on a depuis plus de 20 ans, et pas spécifiquement que sur la santé humaine, puisque la chaleur ça impacte aussi l’environnement, les écosystèmes et donc forcément notre santé puisque tout est lié. Et les chiffres qu’on observe aujourd’hui sur la mortalité de la population au décours des vagues de chaleur ou pendant les périodes estivales, ou tout simplement les chiffres de recours aux soins, puisqu’on surveille le recours aux systèmes d’urgence dans les centres hospitaliers et dans les services d’urgences et les recours chez SOS Médecins pendant ces vagues de chaleur.

Charlotte Simoni

Et d’ailleurs, justement, est ce que vous avez des chiffres à nous communiquer sur ce point là ? Est-ce que de plus en plus, d’année en année, il y a de plus en plus de recours aux soins en période de chaleur ? Est ce qu’il y a aussi de plus en plus de décès ? Est-ce que ça va continuer d’augmenter ?

Sébastien Denys

Alors, le fait d’avoir des tendances comme ça, d’année en année, ça va être très variable parce que ça va dépendre des vagues de chaleur et de leurs caractéristiques. Par exemple, en 2023, on a eu une vague de chaleur particulièrement tardive qui a concerné une large partie du territoire et qui est arrivée quasi à la mi-septembre. Ça faisait partie d’une des vagues de chaleur les plus tardives qu’on ait jamais enregistrées depuis qu’on travaille à la surveillance, pendant les vagues de chaleur. Et donc forcément, si on a une vague de chaleur qui arrive de manière tardive dans la saison, donc potentiellement avec des jours qui sont moins longs et des températures qui vont baisser plus vite, potentiellement, l’impact sera moins important que si cette vague de chaleur était arrivée en plein milieu de l’été. Enfin, au début du mois d’août par exemple. Donc la comparaison d’année en année est très difficile parce qu’elle sera à chaque fois spécifique des vagues de chaleur.

Néanmoins, ce qu’on peut dire, c’est que depuis 2015, on voit une intensification assez nette des vagues de chaleur estivale et que depuis deux ans, on a la capacité d’estimer la mortalité qui est attribuable à la chaleur au moment de la période estivale. C’est à dire qu’on arrive en France à connaître le nombre de morts sur une période donnée. Donc des morts toutes causes. C’est à dire des gens qui vont mourir de pathologies chroniques, de pathologies infectieuses. Et dans ces nombres de décès, en fait, on arrive à caractériser le nombre de décès qui est attribuable à la chaleur. Parce qu’on a avec les différentes années on a réussi à établir ce qu’on appelle des relations exposition/risque, donc avec plusieurs années d’études où on a superposé les données de température et les données de mortalité. Et ça, donc, ça fait une relation où on a une partie qui est l’exposition à la chaleur, et l’autre partie qui est la conséquence en termes de mortalité. Et donc ce qu’on a pour le seul été 2023, ce qu’on a constaté, ce qu’on a estimé, c’est que 5000 décès étaient attribuables à la chaleur entre le 1ᵉʳ juin et le 15 septembre 2023. Donc 5000 décès, ce n’est quand même pas rien. Donc c’est très important, d’autant que ça ne concerne qu’une période relativement courte dans l’année puisque on parle de deux mois et demi.

L’an dernier, on avait fait une estimation entre 2014 et 2022, on a estimé que 33 000 décès étaient attribuables à la chaleur. Donc c’est à peu près l’équivalent du nombre de décès attribuables à la pollution atmosphérique, puisqu’on estime qu’annuellement on a 40 000 décès qui sont attribuables à la pollution atmosphérique. Donc là, quand on cumule un certain nombre d’années, donc 2014 à 2022, donc ça fait huit ans, on a à peu près le nombre équivalent de décès attribuables à la pollution atmosphérique annuelle pour une année.

Charlotte Simoni

D’accord, parce que pour rebondir sur ce chiffre justement : est-ce que du coup la pollution atmosphérique est liée également au réchauffement, au réchauffement climatique ?

Sébastien Denys

Oui, alors effectivement l’augmentation des températures va avoir pour effet d’engendrer un certain nombre de polluants atmosphériques, en particulier l’ozone, qui ont des impacts sur la santé et qui peuvent potentiellement avoir des impacts sur la mortalité, notamment des populations qui ont déjà des problèmes respiratoires ou en tout cas augmenter les recours aux soins de cette population qui est plus vulnérable. Et donc il y a forcément des imbrications entre le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique, de même que le réchauffement climatique va impacter d’autres milieux comme la qualité des eaux ou la quantité d’eau. D’ailleurs, avec les problématiques de sécheresse dont on entend beaucoup parler aussi ces derniers temps, mais aussi la qualité des sols. Maintenant, quantifier exactement les conséquences en termes d’interactions de ces deux facteurs, c’est assez difficile. En fait, on arrive aujourd’hui à estimer la part de pollution, la part de décès attribuables à la pollution atmosphérique. On arrive à estimer la part de décès attribuable à la chaleur. Et certainement dans ces comptes, il y a des doubles comptes. En fait, on n’arrive pas encore à faire la part exacte. La combinaison des deux et estimer la conséquence de cette combinaison sur la mortalité. Il y a encore des domaines d’incertitude et sur lesquels on a besoin de travaux de recherches complémentaires pour pouvoir affiner ça.

Néanmoins, ce qu’il faut retenir, c’est que quand même, le risque chaleur est supérieur en termes de mortalité aux risques liés à la pollution de l’air, même si ce risque est important. Et donc avant tout, quand on a un épisode de chaleur, il faut se protéger de la chaleur.

Charlotte Simoni

D’ailleurs, question : à quel moment on considère que le risque est plus élevé au niveau de la chaleur ? Est-ce que ça dépend des températures ? Ça dépend de quoi ? C’est quand il fait 30 degrés 35 ou 40 ?

Sébastien Denys

Alors là, on a différentes façons de considérer le risque de chaleur. On travaille en particulier de manière prioritaire sur les épisodes de canicule. Donc les épisodes de canicule sont des épisodes qui sont des épisodes de chaleur élevée pendant au moins trois jours consécutifs, le jour et la nuit. Donc là, on est déjà à des niveaux de risque très élevés. Donc ces périodes de canicule sont définies par départements. Donc on a des valeurs seuils qu’on appelle des indices biométéorologiques, donc qui sont des valeurs de températures au-delà desquelles on observe une mortalité de 50 % supplémentaire par rapport à l’attendu. Donc on est déjà sur des sur des sur des, des mortalités importantes donc. Néanmoins, il n’y a pas de seuil en deçà duquel la chaleur ne pose pas de risque pour la santé. C’est ce qu’on appelle un facteur de risque sans seuil. Et donc c’est pour ça que on a depuis quelques années aussi adapté notre système de surveillance pour pouvoir estimer la part de mortalité attribuable à la chaleur, non seulement pendant les périodes de canicule, donc pendant ces périodes de plus de trois jours consécutifs où on dépasse les seuils diurnes et nocturnes d’indice biométéorologique, neurologique, mais aussi au cours de l’ensemble de la période estivale puisque dès qu’il fait chaud, finalement, vous pouvez ne pas être dans une période de canicule, mais dès qu’il fait chaud, vous avez un risque pour votre santé.

Charlotte Simoni

Vous parlez de système de surveillance. C’est Santé publique France qui surveille justement ? Comment ça se passe concrètement ?

Sébastien Denys

Alors oui, c’est Santé publique France, donc on inscrit ça dans un plan Orsec. Donc il y a un plan départemental de réponse assez générique à différents risques, et en particulier il en existe un. Donc il y a un dispositif Orsec sur les canicules et les vagues de chaleur. Et dans ce dispositif donc, il y a un dispositif activé par le préfet. Santé publique France a la charge de mettre en place un système de surveillance qui s’appelle le système d’alerte canicule et santé, donc qui est actif du 1ᵉʳ juin au 15 septembre et qui évidemment se prépare en amont de la période estivale et aussi se clôt enfin, se poursuit au-delà du 15 septembre pour pouvoir interpréter et analyser et publier les travaux issus de la période estivale. Et donc c’est une période au cours de laquelle on fait à la fois de la surveillance des indicateurs de santé. Donc, une fois qu’il y a une vague de chaleur qui se déclare et qui répand une canicule, on met en place, on active le dispositif de surveillance de manière spécifique, c’est à dire à l’issue de cette vague de chaleur, de cette canicule, on va faire un bilan sur les données de recours aux soins et les données de recours.

Chez SOS Médecins, on n’est pas en capacité, au lendemain de cet épisode, d’indiquer les estimations sur la mortalité, puisqu’il faut attendre un certain nombre de consolidation de données puisque les données de mortalité remontent par les services communaux. Et donc on a un certain délai en fait pour avoir la consolidation de ces données-là. Et en fait, le système d’alerte s’active à partir du dépassement de ces IBM. Donc ça s’est discuté avec Météo-France en amont. Donc, ce système de surveillance, en fait, il est piloté par Santé Publique France en collaboration avec Météo-France et en collaboration aussi avec le ministère de la Santé au moment de l’alerte pour diffuser des messages de prévention qui sont par ailleurs en partie aussi établis par Santé Publique France. Donc qui sont des messages destinés à la population générale ou à certaines populations vulnérables pour adapter leur comportement de manière qu’elles se prémunissent du risque lié à la chaleur.

Charlotte Simoni

D’accord. Vous citiez tout à l’heure The Lancet, la revue scientifique, et les chiffres dont j’avais entendu parler date de novembre 2023. Ils parlaient aussi d’augmentation des maladies infectieuses et des épidémies. Est-ce que c’est le cas ? Il y avait un chiffre assez fou qui expliquait que d’ici 2050, pareil, dans un monde à plus deux degrés, la dengue pourrait augmenter de plus 37 %. Est-ce que vous pouvez m’expliquer comment là aussi, tout comme pour la chaleur, pourquoi est-ce que les maladies infectieuses elles augmentent et quel est le risque concrètement ? Et est ce qu’on a du coup aussi un risque en France pour ces maladies ?

Sébastien Denys

Alors je pense que la alors je ne pourrais pas vous donner une projection exacte, une estimation parce qu’on n’a pas travaillé sur ces estimations à Santé publique France. Par contre, il est probable effectivement que les changements climatiques puissent avoir des conséquences sur les augmentations de ces de ces maladies infectieuses, ne serait-ce que parce qu’on voit une modification de la répartition de ce qu’on appelle les vecteurs, c’est à dire les animaux ou les insectes à l’origine de ces maladies. Si on regarde la répartition du moustique tigre à l’échelle de dix années en France, au départ, le moustique tigre s’est implanté dans les régions les plus au sud, en particulier PACA et Occitanie et aujourd’hui il est présent, je crois, dans l’ensemble des régions françaises. Et ce moustique tigre est vecteur d’un certain nombre de pathologies infectieuses. Donc on n’a pas aujourd’hui encore de chiffres qui vont dans le sens de ce que le Lancet publie. Cependant, il est probable effectivement que c’est un signal et une alerte suffisamment sérieuse pour pouvoir être considérée et intégrée et effectivement appréhendée par les pouvoirs publics.

Charlotte Simoni

D’accord. Justement, on va parler de Santé Publique France. Qu’est-ce que vous vous faites concrètement pour alerter la population ? Parce qu’en plus de ça doit y avoir un côté un peu, je ne dirais pas frustrant, mais comme vous l’expliquiez tout à l’heure, tout est lié et à un moment donné. Si on ne diminue pas les gaz à effet de serre qu’on rejette dans l’atmosphère, on va continuer à tout impacter : la biodiversité impacte la santé, etc. Tout ça. Donc oui, vous pouvez, vous pouvez prévenir, mais malgré tout, toutes ses conséquences, ces effets vont augmenter. Donc, qu’est-ce que vous mettez concrètement en place et comment vous alerter ? Et comment vous alerter le public ? Parce que c’est vrai que j’ai la sensation qu’effectivement on a de temps en temps des mesures de prévention dans les JT, qui parlent des vagues de chaleur ou de canicule, mais je n’ai pas la sensation de voir plus de de de prévention ou d’informations passées durant l’année.

Sébastien Denys

Alors c’est vrai que vous avez raison et on l’a dit en ce sujet de sensibilisation et de prévention est majeur et et donc il y a aussi un travail pour augmenter la perception du risque que constitue la chaleur auprès des populations. Donc on essaye d’y travailler, on essaye d’améliorer, de s’adapter nous-même parce que on voit bien que ce sujet est de plus en plus prégnant. Donc notre communication, elle est, elle est destinée en premier lieu au public, donc en matière de prévention. Donc, c’est à dire qu’en amont et pendant les phases de vagues de chaleur et de canicules, on va diffuser de l’information aux professionnels de santé, à des populations qui peuvent être des populations qui sont la population générale. Je pense que vous avez entendu comme tout le monde, les messages de prévention, ce sont les messages auxquels vous faisiez référence. Il y a des messages aussi qui sont dédiés à des populations plus vulnérables, les femmes enceintes. Cette année, on a un focus sur les sportifs du fait des Jeux Olympiques. Par exemple, mon fils, moi, c’est le premier à aller se balader ou aller courir quand il fait chaud alors que je lui ai dit qu’il ne faut pas. Mais voilà, on rejoint la perception de la problématique de perception parce que physiologiquement on est plus vulnérable et quand on fait une activité sportive, on réchauffe déjà l’organisme. Donc le fait d’être en plus dans un contexte climatique où il fait déjà, il fait, il fait en plus très chaud, ça ne va pas favoriser la bonne récupération de l’organisme et ça peut avoir des impacts non négligeables.

En tout cas, malaise, sensation de malaise, etc. Voilà, ça c’était une petite parenthèse, un petit clin d’œil intéressant. C’est typiquement un des gestes. Les jeunes, on leur dit n’allez pas courir quand il fait chaud, ils vous regardent. « Mais papa, si, je vais quand même courir ? Ben bon, ben prends ton risque ». Mais, on ne peut pas leur interdire de sortir. Donc voilà. Santé publique France a une action de prévention, donc on élabore et on diffuse des outils et des informations qui permettent d’adopter des gestes simples. Donc c’est quoi ? C’est se mouiller le corps régulièrement, s’hydrater, aérer les logements dans les périodes les moins chaudes de la journée, ce sont vraiment des mesures très simples. On essaie de toucher des publics qui sont plus fragiles, plus vulnérables, en ayant parfois la traduction de certains outils de prévention auprès des populations qui ne sont pas forcément des populations francophones.

Et puisque ces vagues de chaleur tombent l’été, par définition, il y a toujours des touristes qui sont en France et donc qui peuvent aussi avoir accès aux informations. Ce qu’on essaye aussi de faire, c’est en amont sensibiliser les professionnels de santé. Donc on diffuse de la documentation chez les médecins, dans les pharmacies, etc. Pour pouvoir aussi sensibiliser les personnes qui ont recours à ces structures. Et donc on essaye de diffuser différentes informations par ces biais-là. En cas de périodes canicule rouge, puisque vous savez qu’il y a différents degrés de canicule, on peut être réquisitionné aussi pour diffuser des spots dans les médias. Donc pendant les pages de publicité. Donc là ce sont des opérations qui sont calées avec le gouvernement. Et donc voilà. Et là on travaille par exemple aussi à un site d’information de la population sur le risque chaleur. Donc, je ne sais pas si vous connaissez d’autres sites de l’agence, mais on a par exemple le site des 1000 jours sur les risques environnementaux. Donc, on essaye vraiment de de multiplier ces actions de sensibilisation et d’information. Et c’est vraiment important puisqu’évidemment, plus on touche de publics, plus c’est important pour que les gens se prémunissent ensuite.

Alors, par rapport à votre question sur le fait que c’est aussi très complexe, parce que le changement climatique, ça touche toutes les composantes de notre environnement finalement, et que ça touche tous les secteurs. Et que ce que je disais en début de podcast, c’est qu’un choix sur un secteur va impacter notre santé et donc il faut absolument que la santé soit considérée dans ces secteurs-là. C’est ce à quoi on réfléchit depuis plusieurs années, à travailler sur des plaidoyers de manière à pouvoir intégrer la santé dans des actions sectorielles. Donc là, on a une réflexion sur l’aménagement du territoire ou la construction de certains bâtiments pour former les aménageurs, former les constructeurs, les architectes aux problématiques de santé et les sensibiliser aux risques et aux liens entre les choix qu’eux vont faire en termes de matériaux ou en termes de végétalisation des espaces.

On n’en a pas parlé, mais le fait de végétaliser, par exemple un centre urbain, ça va diminuer ce qu’on appelle l’îlot de chaleur urbaine. Et donc ça va diminuer le risque par rapport à la chaleur estivale puisqu’il fera moins chaud. Et ça, on l’a démontré à partir de données épidémiologiques des communes qui sont arborées. Les populations ont un risque moindre de décès dans ces communes là, dans des centres très urbanisés. Ça, c’est chiffré. Donc c’est prouvé en région Ile de France, on a une étude très récente qui est sortie il y a deux ans, qui montre que les communes les plus arborées de la région Ile de France sont les communes dans lesquelles on a le moins de décès et le delta est de 18 %. Donc ce n’est pas négligeable. Mais donc ça veut dire que nous, épidémiologistes, il faut qu’on aille sensibiliser les aménageurs, les personnes qui vont aider aussi au choix des espèces. Parce qu’il ne suffit pas de mettre n’importe quel arbre, il ne faut pas mettre une espèce qui va apporter des moustiques par exemple, ou en tout cas éviter. C’est assez complexe, c’est simple sur le papier, mais c’est beaucoup plus complexe. Et donc on travaille à cela, on travaille à structurer ces actions de plaidoyer, donc en lien avec d’autres agences et organismes publics l’ADEME par exemple, le CSTB, qui eux, ont des têtes de réseau, un peu dans ces secteurs-là, d’aménagement du territoire, d’architectes, etc.

Et on essaye de co-construire des documents, on essaye d’influencer les actions de formation pour pouvoir aller au plus près des personnes qui sont sur le terrain et qui vont décider de l’aménagement des territoires de manière que ces aménagements soient le plus favorables à la santé. Donc ça, c’est ce que j’appelle les actions de plaidoyer qu’on est en train de développer. Donc, ça, ce sont des sujets assez récents à l’agence, mais c’est vraiment pour essayer de faire bouger, en fait de manière systémique, les lignes et pouvoir bien considérer la santé dans ses différentes actions. Et puis essayer de le faire bouger aussi, du coup, d’une manière un peu plus transversale finalement. Et de se dire que finalement le choix que je fais par rapport à, par rapport à un aménagement du territoire, par rapport au choix de de matériaux pour construire des bâtiments, etc. doit impérativement intégrer la santé. Alors bien sûr, il intégrera des critères économiques parce que c’est ce qui fait société. Mais il faut aussi que la santé soit considérée au même plan parce que c’est un choix qui impactera énormément la santé et qui donc doit tenir compte de ces modifications de notre environnement.

Charlotte Simoni

Vous parlez de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire. Mais est-ce que vous travaillez aussi avec d’autres secteurs ? Je ne sais pas, le secteur touristique, l’agriculture… Où est-ce que pour le moment, vous vous concentrez uniquement sur tout ce qui concerne le bâti ?

Sébastien Denys

Alors pour le moment, on a fait le choix de se concentrer vraiment sur le bâti, parce que pour nous et le territoire et la façon dont on aménage et végétalise le territoire, parce que pour nous, ce qui remontent des données épidémiologiques, ce sont quand même des secteurs sur lesquels il y a un impact très important vis à vis de la santé des populations. Alors évidemment, vous mentionniez les agriculteurs et toutes les conséquences du changement climatique sur les sécheresses, par exemple, vont forcément impacter les productions agricoles et impacter aussi la santé des agriculteurs, en particulier les problématiques de santé mentale, puisqu’on a déjà des indicateurs qui montrent qu’il y a une problématique de santé mentale importante chez les Anglais, chez les agriculteurs. Et donc là, les liens entre changement climatique et santé mentale sont aussi objectivés dans les rapports du GIEC par exemple, ou par d’autres études épidémiologiques. Et donc là, on sait que c’est un point important. Après, c’est vrai qu’on a priorisé, nous sur nos actions et les premiers interlocuteurs vers lesquels on s’est tourné, ce sont les aménageurs, les architectes.

Charlotte Simoni

Il y a des problèmes aussi d’insécurité alimentaire finalement. L’insécurité alimentaire, ça touche aussi notre santé. Si on mange moins bien, si on mange moins, etc, forcément on est moins bonne forme. Et je me dis peut-être qu’à force d’avoir une planète qui se réchauffe de plus en plus, on va nous aussi peut être en France un jour avoir des problèmes d’insécurité alimentaire. Et donc je me demandais si les mesures de prévention que vous mettiez en place étaient aussi plus long-termistes finalement.

Sébastien Denys

On essaye vraiment d’être porté sur le long terme et de porter aussi nos notre action sur de l’action structurelle en fait. Mais ce que vous dites sur les questions de sécurité alimentaire est très juste et on le voit déjà à l’échelle de certains départements français. Moi j’habite dans l’Oise, il y a déjà des problématiques de sécheresse qui créent des tensions aussi. Alors il y a les problématiques autour de la qualité de l’alimentation. Il y a aussi des tensions entre différents usages de l’eau et donc effectivement, ces sujets-là risquent de devenir, risquent de devenir de plus en plus prégnants. Alors cette année, on a de la chance, il a énormément plu. Alors en tout cas dans ma région, il a plu énormément. Donc je pense qu’on ne va pas avoir des problématiques de nappes qu’on a eu l’année dernière. Mais je pense qu’il y a encore des régions en France aujourd’hui où les nappes sont assez basses et que les usages ou les attentes différentes de la population par rapport à la gestion de l’eau créent des problématiques de tensions sociétales qui peuvent aussi se transformer en des problématiques de santé publique. Et ça, effectivement, ce sont des choses à avoir en tête parce que ça risque de s’intensifier avec le temps.

Charlotte Simoni

Ah mais complètement. Il va de toute façon y avoir des arbitrages au niveau de l’eau dans les années à venir. Dernière petite question puisque vous vous en parliez, vous parliez des recours aux soins des enfants durant les phases de chaleur. Et je me posais une question : est-ce que premièrement, il y a de plus en plus d’augmentation de recours aux soins pendant les périodes de forte chaleur ? Et au-delà de ça, est ce qu’il y a aussi des moments où les hôpitaux deviennent engorgés ou du moins de plus en plus ? Et est-ce que vous sentez que les professionnels de santé, puisque vous me disiez que vous travaillez justement avec eux, sont de plus en plus formés, sont de plus en plus sensibilisés à toutes ces problématiques d’impact du réchauffement climatique sur la santé et commencent à mettre en place des outils en place pour l’avenir.

Sébastien Denys

Alors sur les problématiques de recours aux soins. Donc encore une fois, c’est difficile de dire ça augmente, ça diminue parce que ce sera très tributaire des différentes vagues de chaleur. Mais je peux vous citer un chiffre : toujours sur 2003, puisque on a eu à peu près 20 000 recours aux soins observés sur toute la période estivale. Alors, vous avez raison de poser la question. Donc, c’est autour de trois indicateurs qu’on a défini de manière qui sont trois indicateurs très sensibles à la chaleur. Donc, c’est : la déshydratation, c’est un déficit de sodium dans le sang hyponatrémie donc, qui conduit à un certain nombre de problématiques, notamment qui peut engendrer des problématiques cardiovasculaires. Et ce sont des hyperthermiques, donc déshydratation, hyponatrémie, hyperthermie donc ces trois indicateurs qu’on définit autour de l’indicateur canicule. Bon, ça c’est notre c’est notre jargon. Mais qui sont vraiment les phénomènes de santé qu’on va chercher en fait dans notre système de surveillance donc qui remonte, lui, toutes les données hospitalières, donc service urgences, service d’urgences hospitalières et service SOS Médecin.

Voilà donc évidemment ces 20 000 recours aux soins, c’est un pic très clair. Quand il fait chaud, on voit cette augmentation de manière très prégnante. Et encore une fois, ça concerne toute la population. Donc évidemment la majorité, donc les trois quarts, enfin la majorité de ces chiffres concerne la population âgée de 75 ans et plus. Mais ce n’est pas pour ça qu’on ne voit pas des populations jeunes qui sont touchées par ces phénomènes. Donc il faut vraiment avoir en tête – parce que là aussi il y a une problématique de perception – on se dit c’est plutôt un risque pour les plus âgés, sauf que ça concerne toute la population. Même quelqu’un qui est en bonne santé peut avoir un problème lors d’une vague de chaleur, un problème de santé.

Pour la sensibilisation des professionnels : évidemment, la sensibilisation des personnels de soin est extrêmement importante puisque ce sont eux qui sont en première ligne. Dès lors que des manifestations sanitaires sont rencontrées dans la population, on diffuse un certain nombre d’informations auprès des professionnels de santé. Donc on travaille à ces actions de sensibilisation en formation. Donc là, récemment, il y a eu un colloque organisé par le Collège de médecine générale, donc, qui fédère les médecins généralistes. Et donc là, on a organisé une session dédiée sur les problématiques de changement climatique et santé. Donc, ce sont des colloques qui réunissent quand même un grand nombre de membres de la profession et qui contribuent, qui participent à ces actions de sensibilisation et de formation auprès des professionnels de santé.

Il y a également des actions, bien sûr, qui sont soutenues par des plans ministériels, donc le Plan national Santé, environnement et le Plan santé Travail, parce qu’il y a aussi bien sûr les problématiques, on n’en a pas parlé, mais de chaleur sur le lieu de travail, parce qu’il y aura aussi des impacts. Et on en voit quelques-uns au cours de ces vagues de chaleur sur les travailleurs, en particulier les travailleurs qui sont dehors, qui travaillent en plein air et qui peuvent être, même lors de leur temps de travail, victimes de conséquences de ces vagues de chaleur. Alors on travaille avec la Direction générale du travail qui nous remonte. Aujourd’hui, les chiffres ne permettent que de remonter les décès certifiés par l’Inspection médicale du travail, en lien avec la chaleur sur le lieu de travail. Et on remonte annuellement à peu près une dizaine de décès en lien avec le travail. C’est vrai que tout est intimement lié.

Parce que si on va vers des températures de plus en plus élevées, on va vers des impacts sur notre santé de plus en plus importants. On va vers un système économique qui va être à l’arrêt. Et d’ailleurs les employeurs doivent prendre des mesures pour protéger la santé des travailleurs face aux vagues de chaleur, adapter les postes de travail, proposer des horaires étendus, des plages horaires étendus dans la journée, d’aménager des lieux frais, etc. Donc il faut sensibiliser. Ce sont des choix drastiques qui doivent être menés, mais ces choix doivent intégrer la santé. Et donc moi je le vois aussi comme une opportunité formidable pour pouvoir nous adapter et atténuer les effets du changement climatique et faire en sorte qu’on arrive à faire face à ces modifications globales mais qui sont systémiques et très importantes.